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Page:Glaire - Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Jouby, 1861, tome I.djvu/93

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de la canonicité.
QUESTION CINQUIÈME.
À qui appartient-il de proposer un Canon des livres saints ?


Il est facile de juger, par ce qui a été dit sur le Canon de l’Eglise judaïque, que les Juifs n’ont reçu pour sacrés et divins que les livres que l’autorité de la Synagogue a déclarés comme tels. Les protestants en général prétendent qu’on doit juger de la canonicité des livres saints par un caractère d’évidence qu’ils croient trouver dans ceux qu’ils reçoivent comme canoniques, ou par un témoignage que Esprit saint rend dans le cœur des particuliers ; et que, par conséquent « il n’est besoin ni de tradition, ni d’autres livres (apocryphes), ni de canons ecclésiastiques, pour compléter le Canon sacré[1], » ou enfin par le consentement de toutes les sectes, comme le veulent ceux qui, à l’exemple de le Courrayer, ont renoncé au caractère d’évidence et au témoignage intérieur rendu par l’Esprit saint. Les catholiques soutiennent que cette règle des protestants est absolument insuffisante, et établissent comme vérité incontestable, que c’est à l’église seule qu’il appartient de décider si un livre est ou n’est pas canonique, et par là même de proposer un Canon des livres saints. Les motifs sur lesquels ils s’appuient sont exposés dans la proposition suivante :


PROPOSITION.
C’est à l’Eglise qu’il appartient de proposer un Canon des livres saints.


1. Les livres saints sont la règle de notre foi, tous les chrétiens en conviennent. Le soin de nous les proposer et de nous les faire connaître doit donc appartenir à ceux que Jésus-Christ a chargés de nous conduire dans les choses qui regardent la foi. Or, comme on le démontre dans le Traité de l’Eglise, ce sont les pasteurs que Jésus-Christ a établis pour nous conduire dans tout ce qui appartient à la foi ; et certes cette décision de là canonicité des livres saints intéresse la foi, puisque c’est d’après eux que notre foi doit se régler. C’est donc à Eglise seule qu’il appartient de nous déclarer quels sont les livres sacrés.

2. De plus, c’est ou l’Eglise, ou le caractère d’évidence, ou les par-

  1. Hævernick, Mélanges de théologie réformée, 2e cahier, p. 241. L’auteur montre de la manière la plus évidente, l’embarras ou plutôt l’impossibilité absolue des protestants de pouvoir jamais établir solidement un point de doctrine, quand ils veulent s’en tenir à leurs principes. Tout le § 11 de Hævernick n’est qu’un sophisme assez mal déguisé.