Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/13

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subtile pour être populaire. Gœthe n’avait pas cessé de vivre à Weimar auprès de son généreux ami, le grand-duc ; il avait été conseiller privé, président des finances ; il était presque un homme politique, au milieu des grands événements dont l’Allemagne était surtout le théâtre. Il accompagna le prince à Erfurt et fut admis auprès de Napoléon, qui s’entretint longtemps avec lui, lui donna la croix de la Légion d’honneur et le quitta en lui disant : « Vous êtes un homme, monsieur Gœthe. » Il continuait en même temps ses recherches scientifiques, qu’il aimait avec une sorte de passion ; la Théorie des Couleurs parut en 1810 : il y combattit les opinions de Newton sur la lumière ; après avoir donné, sous le titre de Morphologie, une nouvelle édition augmentée de la Métamorphose des plantes, il rédige paisiblement ses Mémoires, de 1810 à 1813, et les publie sous le titre de Vérité et Poésie ; il doit les continuer sous le titre d’Annales. Il ne vit plus que par l’esprit, il semble de plus en plus étranger aux événements qui remuaient alors tous les cœurs ; il rédige son Voyage en Italie, et fonde en 1815 un recueil intitulé l’Art et l’Antiquité, qu’il continue jusqu’en 1828 ; il écrit une foule d’articles sur toutes sortes de sujets de littérature et de science, en même temps qu’il compose de nouvelles ballades, pleines de jeunesse et de grâce (la Cloche qui marche, la Danse des Morts, etc.), le Divan oriental-occidental, la seconde partie de Wilhelm Meister, la suite de Faust, etc. Il suit avec l’attention la plus curieuse le mouvement intellectuel de l’Europe ; il s’efforce d’élever la littérature allemande par le goût d’une critique supérieure,