Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/80

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créé, l’inexprimable, adoré par tout le ciel, et criminellement transpercé ?

Relégué derrière le poêle, il s’enfle comme un éléphant, il remplit déjà tout l’espace, et va se résoudre en vapeur. Ne monte pas au moins jusqu’à la voûte ! Viens plutôt te coucher aux pieds de ton maître. Tu vois que je ne menace pas en vain. Je suis prêt à te roussir avec le feu sacré. N’attends pas la lumière au triple éclat ! N’attends pas la plus puissante de mes conjurations !


MÉPHISTOPHÉLÈS entre pendant que le nuage tombe, et sort de derrière le poêle, en habit d’étudiant.

D’où vient ce vacarme ? Qu’est-ce qu’il y a pour le service de monsieur ?

FAUST.

.

C’était donc là le contenu du barbet ? Un écolier ambulant.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Je salue le savant docteur. Vous m’avez fait suer rudement.

FAUST.

Quel est ton nom ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

La demande me paraît bien frivole, pour quelqu’un qui a tant de mépris pour les mots, qui toujours s’écarte des apparences, et regarde surtout le fond des êtres.

FAUST.

Chez vous autres, messieurs, on doit pouvoir aisément deviner votre nature d’après vos noms, et c’est ce qu’on fait connaître clairement en vous appelant ennemis de Dieu, séducteurs, menteurs. Eh bien ! qui donc es-tu ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Une partie de cette force qui tantôt veut le mal et tantôt fait le bien.