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Page:Goethe-Nerval - Faust Garnier.djvu/81

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FAUST.

Que signifie cette énigme ?

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Je suis l’esprit qui toujours nie ; et c’est avec justice : car tout ce qui existe est digne d’être détruit ; il serait donc mieux que rien n’existât. Ainsi, tout ce que vous nommez péché, destruction, bref, ce qu’on entend par mal, voilà mon élément.

FAUST.

Tu te nommes partie, et te voilà en entier devant moi.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Je te dis la modeste vérité. Si l’homme, ce petit monde de folie, se regarde ordinairement comme formant un entier, je suis, moi, une partie de la partie qui existait au commencement de tout, une partie de cette obscurité qui donna naissance à la lumière, la lumière orgueilleuse, qui maintenant dispute à sa mère la Nuit son rang antique et l’espace qu’elle occupait ; ce qui ne lui réussit guère pourtant, car malgré ses efforts, elle ne peut que ramper à la surface des corps qui l’arrêtent ; elle jaillit de la matière, elle y ruisselle et la colore, mais un corps suffit pour briser sa marche. Je puis donc espérer qu’elle ne sera plus de longue durée, ou qu’elle s’anéantira avec les corps eux-mêmes.

FAUST.

Maintenant, je connais tes honorables fonctions ; tu ne peux anéantir la masse, et tu te rattrapes sur les détails.

MÉPHISTOPHÉLÈS.

Et franchement, je n’ai point fait grand ouvrage : ce qui s’oppose au néant, le quelque chose, ce monde matériel, quoi que j’aie entrepris jusqu’ici, je n’ai pu encore l’entamer ; et j’ai en vain déchaîné contre lui flots, tempêtes, tremblements, incendies ; la mer et la terre sont demeurées tranquilles. Nous n’avons rien à gagner sur cette maudite