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Page:Gourmont - Muses d’aujourd’hui, 1910, 3e éd.djvu/120

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muses d’aujourd’hui

C’est qu’à travers les feuillages noirs l'image de la Mort est apparue :

Puisque je dois mourir, tout me navre et me nuit…

Pour un instant, la poétesse se dissocie de la nature et prend conscience de sa petite vie individuelle ; qu’elle rentre vite dans le fourré de l'inconscience et redevienne un des gestes, un des cris spontanés de la nature :

Errer dans la nature ainsi qu’une abeille ivre…
……
Et ne distinguer plus de mon cœur éphémère
Et soupirant, le cœur paisible de la terre,

qu’elle s’enfonce dans le silence des choses « comme le moissonneur en la mer des moissons » : le silence est la voix de son cœur : il lui parlera d’amour.

Beau Silence, bouquet attaché sur ma gorge,
Colombe respirant contre mon cou, pâmée…