— Pourquoi va-t-on dans les prairies ?
Disent les belles, c’est pour nous. —
Si bien que sous leurs fâcheries,
De moineaux devenant hiboux,
— Pourquoi va-t-on dans les prairies ?
Disent les belles, c’est pour nous. —
Nos pauvres chansons ahuries
S’en vont sangloter dans les trous.
— Pourquoi va-t-on dans les prairies ?
Disent les belles, c’est pour nous. —
Le soir, quand vers les métairies
Les bœufs tournent leur muffle roux,
— Pourquoi va-t-on dans les prairies ?
Disent les belles, c’est pour nous. —
Aux lieux de nos idolâtries
Nous allons rêver à genoux ;
— Pourquoi va-t-on dans les prairies ?
Disent les belles, c’est pour nous. —
Et ces belles, déjà guéries,
Cœurs qui volentqu’éblouissent vers les bijoux,
— Pourquoi va-t-on dans les prairies ?
Disent les belles, c’est pour nous. —
CourentS’en vont dans d’autres bergeries
Tout mettre sens dessus dessous,
— Pourquoi va-t-on dans les prairies ?
Disent les belles, c’est pour nous. —
Et nous laissent, âmes flétries,
Traîner dans l’ombre nos licous.
— Pourquoi va-t-on dans les prairies ?
Disent les belles, c’est pour nous. —
Mais on pourrait, belles chéries,
Rendre vos jeunes cœurs jaloux ;
Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome VII.djvu/331
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.