Aller au contenu

Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XII.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Qui frappe, qui se venge, et qui se trompe! À bas,
Croix qui saisis Jésus et lâches Barabbas!
A bas, potence, avec toutes tes branches noires!
Fourche que Vouglans mêle à ses réquisitoires,
Solive épouvantable où Tristan s'accouda,
Machine de Tyburn et de la Cebada,
Démolis-toi toi-même, et croule, mutilée,
Avec le saint-office et la chambre étoilée,
Et tourne contre toi la mort que tu contiens!
Charpente que l'enfer fait lécher à ses chiens,
Va pourrir dans la terre éternelle et divine
Qui ne te connaît point, toi l'arbre sans racine,
Qui t'exclut de la sève et qui ne donne pas
La vie au bois féroce où germe le trépas!
Fuis, dissous-toi, perds-toi dans la grande nature!
Engins qu'ont maniés le meurtre et la torture;
Ô monstrueux outils de la tombe, assassins,
Rappelez-vous les bons, les innocents, les saints,
Et demandez-vous-en compte les uns aux autres!
Tous les crimes du faible ont pour source les vôtres.

Poutre, ébrèche la hache et brise le couteau;
Hache, deviens cognée et frappe le poteau,
Frappe; exterminez-vous, ô ténébreux complices!
Et tombe pêle-mêle, ô forêt des supplices,
Roue, échelle, garrot, gibet, et glaive, et faulx,
Sous le bras du progrès, bûcheron d'échafauds!

XXVII Quinze cents ans