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Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/148

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L'obscur souffle inconnu qui dans ce demi-jour Passe et que vous prenez pour le vent, c'est l'amour ; Et vous êtes la goutte et le monde est le vase. Amants, votre soupir fait déborder l'extase ; Au-dessus de vos fronts les rameaux frémissants Mêlent leurs bruits, leurs voix, leurs parfums, leur encens ; L'émotion au bois profond se communique, Et la fauve dryade agite sa tunique.

VI THÉOCRITE


Ô belle, crains l'Amour, le plus petit des dieux,
Et le plus grand ; il est fatal et radieux ;
Sa pensée est farouche et sa parole est douce ;
On le trouve parfois accroupi dans la mousse,
Terrible et souriant, jouant avec les fleurs ;
Il ne croit pas un mot de ce qu'il dit ; les pleurs
Et les cris sont mêlés à son bonheur tragique ;
Maïa fit la prairie, il fait la géorgique ;
L'Amour en tout temps pleure, et triomphe en tout lieu ;
La femme est confiante aux baisers de ce dieu,
Car ils ne piquent pas, sa lèvre étant imberbe,
— Tu