Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/178

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Il ignore, il arrive ; homme, tu le recueilles. Il a le tremblement des herbes et des feuilles. La jaserie avant le langage est la fleur Qui précède le fruit, moins beau qu'elle, et meilleur, Si c'est être meilleur qu'être plus nécessaire. L'enfant candide, au seuil de l'humaine misère, Regarde cet étrange et redoutable lieu, Ne comprend pas, s'étonne, et, n'y voyant pas Dieu, Balbutie, humble voix confiante et touchante ; Ce qui pleure finit par être ce qui chante ; Ses premiers mots ont peur comme ses premiers pas. Puis il espère.

                            Au ciel où notre œil n'atteint pas

Il est on ne sait quel nuage de figures Que les enfants, jadis vénérés des augures, Aperçoivent d'en bas et qui les fait parler. Ce petit voit peut-être un œil étinceler ; Il l'interroge ; il voit, dans de claires nuées, Des faces resplendir sans fin diminuées, Et, fantômes réels qui pour nous seraient vains, Le regarder, avec des sourires divins ; L'obscurité sereine étend sur lui ses branches ; Il rit, car de l'enfant les ténèbres sont blanches. C'est là, dans l'ombre, au fond des éblouissements, Qu'il dialogue avec des inconnus charmants ; L'enfant fait la demande et l'ange la réponse ;