Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/209

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Mais voyez-le donc, vous dont les chants sont des râles, Vivants qui ne pouvez que mourir, ombres pâles, Et qui ne savez qu'oublier ! L'Océan goutte à goutte en sa clepsydre pleure ; Tout Sahara, tombant grain à grain, marque l'heure Dans son effrayant sablier.

Mêlez-le maintenant à vos anniversaires ! Allumez vos flambeaux, égrenez vos rosaires, Sur vos lutrins soyez béants ; Ayez vos jours sacrés que plus de clarté dore ; Mettez, devant ce Dieu que couronne l'aurore, Des tiares à vos néants !

La bête des bois rit quand les hommes, vain nombre, Vont clouant leurs erreurs sur Dieu, leur nom sur l'ombre, Leur date sur l'immensité, Se font centre du monde, eux les passants rapides, Et s'en viennent chanter leurs bouts de l'an stupides À la muette éternité.

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