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Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/306

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La guerre, et des troupeaux de canons inouïs Nous jetant l'aboiement de l'abîme ; la France Subissait, sous un ciel d'où fuyait l'espérance, Le bombardement lâche et tortueux, crachant L'éclair, et foudroyant le toit, le mur, le champ, La forêt, la cité, l'homme, l'enfant, la femme ; L'eau sombre aujourd'hui vient au secours de la flamme ; Elle vient achever ce fier pays blessé ; Les fléaux avaient hâte, ils ont recommencé ; Après l'embrasement, le torrent nous accable ; À présent ce n'est plus sous l'obus implacable, C'est dans les flots qu'on voit les villes succomber. Dures heures de nuit que le temps fait tomber Goutte à goutte sur nous de sa morne clepsydre ! Hier c'était le dragon, et maintenant c'est l'hydre.


                              LE POËTE

Est-ce fini ? Pensif, je dis au gouffre : Après ?


                             LE CHŒUR

Ô France ! mourras-tu ? Non. Car, si tu mourais, Le mal vivrait, l'effroi vivrait ; cette fenêtre,