Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/39

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Ô vie universelle, où donc est ton dictame ?
Qu’est-ce que ton baiser ? un léchement de flamme.
Le cœur humain veut tout,
Prend tout, l’or, le plaisir, le ciel bleu, l’herbe verte…
Et dans l’éternité sinistrement ouverte
Se vide tout à coup.


La vie est une joie où le meurtre fourmille,
Et la création se dévore en famille.
Baal dévore Pan.
L’arbre, s’il le pouvait, épuiserait la séve ;
Léviathan, bâillant dans les ténèbres, rêve
D’engloutir l’Océan ;


L’onagre est au boa qui glisse et l’enveloppe ;
Le lynx tacheté saute et saisit l’antilope ;
La rouille use le fer ;
La mort du grand lion est la fête des mouches ;
On voit sous l’eau s’ouvrir confusément les bouches
Des bêtes de la mer ;