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Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/79

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L’été, la bande met à profit la douceur
De la saison, voyant dans l’aurore une sœur,
Prenant les plus longs jours pour sa sanglante escrime,
Et donnant à l’azur un rôle dans le crime ;
Juin radieux consent à la complicité ;
C’est l’instant d’appliquer l’échelle à la cité ;
C’est le moment de battre une muraille en brèche ;
L’air est tiède, la nuit vient tard, la terre est sèche,
La mousse pour dormir fait le roc moins rugueux ;
Comme le tas de fleurs cache le tas de gueux !
Le bruit des pas s’efface au bruit de la cascade ;
La feuille traître accueille et couvre l’embuscade,
L’églantier, pour le piége épaissi tout exprès,
Semble ami du sépulcre autant que le cyprès ;
Aussi, jusqu’à l’hiver, — quoique janvier lui-même
Parfois aux attentats prête sa clarté blême, —
Ce ne sont que combats, assauts et coups de main.

Dès que l’hiver décline, et quand le pont romain,
Le sentier, le ravin que les brises caressent,
Sous la neige qui fond vaguement reparaissent,
Quand la route est possible à des pas hasardeux,
Tous ces aventuriers s’assemblent chez l’un d’eux,
Noirs, terribles, autour d’un âtre où flambe un chêne,
Ils construisent leurs plans pour la saison prochaine ;