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Page:Hugo - Les Châtiments (Hetzel, 1880).djvu/184

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Les plus frappés sont les plus dignes.
Ou l’exil ! ou l’Afrique en feu !
Prince, Compiègne est plein de cygnes,
Cours dans les bois, cours dans les vignes,
Vénus rayonne au plafond bleu ;
La bacchante aux bras nus se pâme
Sous sa couronne de raisin. —
Sonne aujourd’hui le glas, bourdon de Notre-Dame,
Et demain le tocsin !

Les forçats bâtissent le phare,
Traînant leurs fers au bord des flots !
Hallali ! hallali ! fanfare !
Le cor sonne, le bois s’effare,
La lune argente les bouleaux ;
À l’eau les chiens ! le cerf qui brame
Se perd dans l’ombre du bassin. —
Sonne aujourd’hui le glas, bourdon de Notre-Dame,
Et demain le tocsin !

Le père est au bagne à Cayenne,
Et les enfants meurent de faim.
Le loup verse à boire à l’hyène ;
L’homme à la mitre citoyenne
Trinque en son ciboire d’or fin ;
On voit luire les yeux de flamme
Des faunes dans l’antre voisin. —
Sonne aujourd’hui le glas, bourdon de Notre-Dame,
Et demain le tocsin !