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Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/252

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à qui ? L’obstacle à la création ! l’obstacle à l’immanent ! l’obstacle au nécessaire ! Quel rêvé !

Quand tu entends les hommes dire : « Voici jusqu’où va Dieu. Ne lui demandez pas davantage. Il part d’ici, et s’arrête là. Dans Homère, dans Aristote, dans Newton, il vous a donné tout ce qu’il avait. Laissez-le tranquille maintenant. Il est vidé. Dieu ne recommence pas. Il a pu faire cela une fois, il ne le peut deux fois. Il s’est dépensé tout entier dans cet homme-ci ; il ne reste plus assez de Dieu pour faire un homme pareil. » Quand tu les entends dire ces choses, si tu étais homme comme eux, tu sourirais dans ta profondeur terrible ; mais tu n’es pas dans une profondeur terrible, et étant la bonté, tu n’as pas de sourire. Le sourire est une ride fugitive, ignorée de l’absolu.

Toi, atteint de refroidissement ; toi, cesser ; toi, t’interrompre ; toi, dire : Halte ! Jamais. Toi, tu serais forcé de reprendre ta respiration après avoir créé un homme ! Non, quel que soit cet homme, tu es Dieu. Si cette pâle multitude de vivants, en présence de l’inconnu, a à s’étonner et à s’effrayer de quelque chose, ce n’est pas de voir sécher la sève génératrice et les naissances se stériliser ; c’est, ô Dieu, du déchaînement éternel des prodiges. L’ouragan des miracles souffle perpétuellement. Jour et nuit les phénomènes