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Page:Hugo - William Shakespeare, 1864.djvu/443

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répétée, de bonne foi, nous le pensons, ce mot, l’Art pour l’Art, aurait été écrit par l’auteur même de ce livre. Écrit, jamais. On peut lire, de la première à la dernière ligne, tout ce que nous avons publié, on n’y trouvera point ce mot. C’est le contraire de ce mot qui est écrit dans toute notre œuvre, et, insistons-y, dans notre vie entière. Quant au mot en lui-même, quelle réalité a-t-il ? Voici le fait, que plusieurs contemporains ont, comme nous, présent à la mémoire. Un jour, il y a trente-cinq ans, dans une discussion entre critiques et poètes sur les tragédies de Voltaire, l’auteur de ce livre jeta cette interruption : « Cette tragédie-là n’est point de la tragédie. Ce ne sont pas des hommes qui vivent, ce sont des sentences qui parlent. Plutôt cent fois l’Art pour l’Art ! » Cette parole, détournée, involontairement sans doute, de son vrai sens pour les besoins de la polémique, a pris plus tard, à la grande surprise de celui dont elle avait été l’interjection, les proportions d’une formule. C’est de ce mot, limité à Alzire et à l’Orphelin de la Chine, et incontestable dans cette application restreinte, qu’on a voulu faire toute une déclaration de principes et l’axiome à inscrire sur la bannière de l’art.

Ce point vidé, poursuivons.

Entre deux vers, l’un de Pindare, déifiant un