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Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 1.djvu/105

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ville ; toutes les fois qu’il y surviendra quelque trouble, que l’on s’adresse à moi ; j’épargnerai au sultan la solde qu’il lui faudrait donner à la garnison. » Les deux émirs désapprouvèrent ses paroles et lui répondirent : « Tu ne veux autre chose que te révolter contre le sultan. » Ils le firent mettre à mort. Ce malheureux n’avait cependant d’autre but que de montrer sa bonne volonté et son dévouement au sultan. Ce fut précisément ce qui le perdit.

Pendant mon séjour à Alexandrie, j’avais entendu parler du cheïkh Abou Abd Allah Almorchidy, homme pieux, adonné aux pratiques de dévotion, menant une vie retirée et disposant de richesses surnaturelles. Il était au nombre des principaux saints et des contemplatifs. Il vivait retiré à Moniah Béni Morchid, dans un ermitage où il demeurait absolument seul, sans serviteur et sans compagnon. Les émirs et les vizirs venaient le trouver, et des troupes de visiteurs, appartenant aux diverses classes de la société, arrivaient chez lui quotidiennement. Il leur servait à manger. Chacun d’eux désirait manger de la viande, ou des fruits