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Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 1.djvu/14

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de Baghdad. Les individus adonnés à la vie religieuse allaient chercher, souvent à de grandes distances, les exemples et les préceptes de quelque pieux directeur spirituel. Enfin, une louable curiosité, le désir de s’instruire des mœurs et des usages des peuples étrangers, attira plus d’une fois jusque dans l’Inde, la Chine et l’île de Madagascar, des Arabes de l’Irâk et du Kharezm, tels que Maçoûdy, Ibn Wahab et Byroûny. La grande diffusion de la langue arabe et du culte mahométan venait encore en aide aux explorateurs de cette dernière catégorie. Souvent aussi, chez le même individu, comme chez le célèbre voyageur Ibn Haoukal et l’infatigable compilateur Yâkoût, les voyages et les observations du commerçant fécondaient et enrichissaient la science du géographe. Une circonstance rapportée par Ibn Batoutah peut donner une idée de l'esprit d’entreprise et du goût pour les voyages qui entraînaient les Arabes aux extrémités opposées de l'ancien continent. A Sidjihmâcah, dans le Maroc, Ibn Batoutah reçut l’hospitalité chez un fakîh (jurisconsulte), dont il avait précédemment rencontré le frère à Kandjenfou, en Chine. Quelle distance immense, observe notre auteur, séparait ces deux frères[1] ! Ailleurs, Ibn Batoutah dit qu’un chérîf ou descendant de Mahomet, appelé Aly, fils de Mansoûr, et originaire de Kerbélâ, dans le voisinage de la rive occidentale de l’Euphrate, avait accompagné, pour affaire de commerce, de Seraï à Kharezm, et qu’il se joignit ensuite à plusieurs de ses concitoyens qui étaient arrivés dans cette dernière ville, afin de faire un voyage en Chine. Ibn Batoutah ajoute que cet homme étant parvenu à Almalik (non loin du fleuve Ili, dans la Dzoungarie), s’y arrêta et y

  1. Journal asiatique, mars 1843, p. 187.