Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 1.djvu/247

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chemins, avec les ondulations du serpent, et elle a des parterres dont le souffle léger fait renaître les âmes. Cette ville se pare, pour ceux qui la regardent, d’un brillant ornement, et leur crie : « Venez au lieu dans lequel la beauté « passe la nuit, et fait sa sieste ! » Le sol de cette ville est presque tourmenté par la quantité de l’eau, au point qu’il désire la soif ; et peu s’en faut que les pierres dures et sourdes ne te disent elles-mêmes dans ce pays : « Frappe la terre de ton pied ; c’est ici une eau fraîche pour les ablutions, en même temps qu’une boisson pure. » (Coran, xxxviii, 41.) Les jardins entourent Damas, à l’instar de ce cercle lumineux, le halo, quand il environne la lune, ou des calices de la fleur qui embrassent les fruits. À l’est de cette ville, aussi loin que la vue peut s’étendre, se voit sa ghouthah (terre molle et fertile ; nom de la campagne aux environs de Damas) verdoyante. Quel que soit le point que tu regardes sur ses quatre côtés, tu le vois chargé de fruits mûrs, à une aussi grande distance que tes yeux peuvent distinguer. Combien ont dit vrai ceux qui ont ainsi parlé à l’égard de cette ville : « Si le paradis est sur la terre, certes