Aller au contenu

Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 1.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en ruine lors de son premier voyage, tandis qu’à son retour, vingt-quatre ans après, il le trouva complètement détruit. Il nous fait connaître aussi la colonne des piliers, vulgairement appelée colonne de Pompée. Sa description de ces deux monuments mérite d’être rapprochée de celle que nous devons au judicieux médecin de Baghdad Abd allathif, auteur de la Relation de l’Égypte, si doctement traduite et commentée par Silvestre de Sacy. Ibn Batoutah raconte un soulèvement qui eut lieu à Alexandrie, en l’année 727 (1326-1327), et dont il reçut la nouvelle pendant son séjour à la Mecque. Ce soulèvement eut pour cause une dispute survenue entre les musulmans et les marchands chrétiens, et dans laquelle le gouverneur de la ville prit parti pour ces derniers. Le voyageur nous donne, sur la répression de cette émeute, les détails les plus intéressants. Les mêmes événements ont été racontés par Makrizy[1], d’après lequel la rixe entre les Francs et les musulmans dut son origine à une partie de débauche faite par les premiers hors des murs de la ville.

Dans le chapitre intitulé De quelques savants d’Alexandrie, et que le Père Moura a entièrement omis dans sa traduction, Ibn Batoutah fait mention incidemment d’Abou’lhaçan Aly achchâdhily, fondateur d’un ordre religieux très-repandu en Afrique[2] ; puis il raconte, à propos de la mort de ce saint personnage, une légende passablement merveilleuse, qu’il tenait d’un disciple de Châdhily,

  1. Cité par S. de Sacy, Chrestomathie arabe, t. II, p. 48.
  2. Sur ce personnage, mort en l’année 658 (1260), voyez M. Alph. Rousseau, Journal asiatique, avril-mai 1849, p. 312, note 29, et cf. Veth et Weijers, Lobb allobâb, p. 147, note 6, et l’Histoire des Mamlouks de l’Égypte, t. I, p. 115.