Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 1.djvu/77

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deux dînars d’or. Ce fut la première aumône que je reçus pendant mon voyage.

Nous partîmes de Constantine et marchâmes sans nous arrêter jusqu’à la ville de Bône (Boûnah), où nous demeurâmes plusieurs jours. Nous y laissâmes les marchands de notre compagnie, à cause des dangers que présentait le chemin ; quant à nous, nous voyageâmes avec promptitude et nous marchâmes sans nous arrêter. La fièvre m’ayant repris, je m’attachai sur ma selle avec un turban, de peur de tomber, tant ma faiblesse était grande. Il ne me fut cependant pas possible de mettre pied à terre, à cause de la frayeur que je ressentais, jusqu’à ce que nous fussions arrivés à Tunis. Les habitants de cette ville sortirent à la rencontre du cheïkh Abou Abd Allah azzobeïdy et d’Abou’tthayib, fils du kâdhi Abou Abd Allah annefzâouy. Les deux troupes s’approchèrent l’une de l’autre en se saluant et en s’adressant des questions. Quant à moi, personne ne me salua, car je ne connaissais aucun de ces gens-là. Je fus saisi en moi-même d’une telle tristesse que je ne pus retenir mes sanglots, et