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APPENDICE.

que celle que tu m’as destinée ; je n’en demande pas d’autre. » Ibn-Sâd lui fit alors cadeau de la fille du prince[1]. On dit qu’elle devint la concubine d’Ibn-ez-Zobeir. Les musulmans prirent ensuite position contre la ville de Sbaitla et, après un blocus rigoureux, Dieu les en rendit maîtres. Ils y firent beaucoup de prisonniers et s’emparèrent de leurs richesses dont la majeure partie consistait en or et en argent. Ibn-Sâd réunit le butin en masse et en fit le partage après avoir prélevé le quint. La portion de chaque cavalier fut de trois mille dinars, et celle de chaque fantassin de mille[2]. Ibn-Sâd envoya alors des détachements de la ville de Sbaitla pour battre la campagne. Ces cavaliers s’avancèrent jusqu’aux bourgades de Cafsa où ils firent des captifs et du butin. De là ils poussèrent jusqu’à Mermadjenna.

« Cette défaite abattit le courage du reste des Roum et les frappa de terreur : les uns se réfugièrent dans leurs châteaux et forteresses, mais la grande majorité se réunit dans la plaine d’El-Edjem, autour d’un château qui était un des plus forts de la province d’Ifrîkïa. De là, ils écrivirent à Ibn-Sâd, lui offrent trois cents kintars (talents)[3] d’or, à condition qu’il ferait cesser les hostilités et évacuer le pays. Après avoir fait quelques difficultés, il accéda à cette proposition. »

Suivant un autre récit, il leur accorda la paix moyennant une somme de deux millions cinq cent mille[4] qu’on lui compta, et une des conditions du traité était que les musulmans garderaient tout [le butin] qu’ils avaient fait pendant la guerre, mais qu’ils rendraient ce qu’ils avaient enlevé depuis le commencement des pourparlers.

« Ibn-Sâd appela alors Ibn-ez-Zobeir et lui dit : « Personne ne mérite mieux que toi de porter [au khalife] cette bonne nouvelle ;

  1. Ibn-ez-Zobeir n’a rien dit de cela. (Voyez, du reste, la tradition rapportée par Ibn-Abd-el-Hakem ; ci-devant, page 306.)
  2. Voyez, ci-devant, page 305.
  3. Voyez, ci-devant, page 210, note 2.
  4. Il faut supposer qu’il s’agit ici de pièces d’argent. Dans la note 2, page 210, la contribution payée par les Grecs est estimée à plus de trois millions de francs.