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EN-NOWEIRI.

d’Ibrahîm-Ibn-es-Sabbah, et Khaled, fils de Thabet de la tribu de Coreich. L’on rapporte aussi qu’Abd-Allah, fils du khalife Omar-Ibn-el-Khattab, s’y trouva avec Abd-Allah-Ibn-ez-Zobeir et les personnages les plus éminents des milices[1] de la Syrie et de l’Égypte.

Les habitants de l’Ifrîkïa croyaient toujours que Djenaha était à la tête de l’expédition. Quand Ibn-Hodeidj vint camper au pied d’une colline située à dix parasanges à l’occident de Camounîa[2], il y essuya un tel temps de pluie qu’il s’écria : « Notre montagne est bien arrosée (Mamtour). » Ce nom est resté à la montagne jusqu’à ce jour. Il dit ensuite : « Marchons à ce pic de montagne (carn), » et, depuis lors, ce lieu fut appelé El-Carn.

Alors un patrice nommé Nicéphore, sous les ordres duquel le roi des Grecs avait placé une armée de trente mille combattants, vint débarquer à Sentirta[3]. Un détachement de cavalerie qu’Ibn-Hodeidj envoya à la rencontre de ces troupes, les mit en déroute et les obligea à reprendre la mer[4]. Ibn-Hodeidj dirigea alors ses attaques contre Djeloula et alla combattre les habitants jusqu’aux portes de la ville. Chaque matin, il leur livrait bataille ; mais, aussitôt après midi, il rentrait dans son camp à El-Carn. Un certain jour, après les avoir combattus, il venait de reprendre chemin du camp, quand Abd-el-Mélek, fils de Merouan, revint sur ses pas pour chercher son arc qu’il avait laissé suspendu à un arbre ; s’apercevant alors qu’un côté de la ville venait de s’écrouler, il rappela ses compagnons, et, à la suite d’une lutte qui coûta la vie à beaucoup de monde, il prit Djeloula d’assaut. On s’empara de tout ce que la place renfermait, après en avoir tué la garnison et réduit les habitants en esclavage. Selon un autre récit, Ibn-Hodeidj s’était tenu à El-Carn, et avait envoyé Abd-el-

  1. Voyez ci-devant, page 221, note 1.
  2. Ceci est l’endroit qu’Ibn-Abd-el-Hakem appelle Counîa. (Voyez ci-devant page 307.)
  3. Variante : Santbertha. Cette localité est inconnue.
  4. Selon l’auteur du Baïan, Nicéphore mit à la voile sans avoir engagé le combat.