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APPENDICE.

§ II. — GOUVERNEMENT DE MOAOUÏA-IBN-HODEIDJ-EL-KINDI, ET SECONDE INVASION DE L’IFRÎKÏA.

Moaouïa-Ibn-Hodeidj[1] de la tribu de Kinda fut chargé du gouvernement de l’Ifrîkïa en l’an 45[2] de l’hégire (665-6). La manière de sa nomination est ainsi racontée : Héraclius, seigneur de Constantinople, se faisait payer chaque année un tribut fixe par tous les princes de la terre et de la mer. En apprenant à quelles conditions Abd-Allah-Ibn-Abi-Sarh avait accordé la paix aux habitants de l’Ifrîkïa, il y envoya un patrice nommé Aulîma[3] pour exiger d’eux trois cents talents d’or, somme égale à celle qu’ils avaient donnée au général arabe. Le patrice débarqua à Carthage et leur fit part de l’ordre de son souverain, mais ils refusèrent d’y satisfaire, disant que ce qu’Ibn-Abi-Sarh leur avait pris était pour le rachat de leurs vies, et que le prince, leur seigneur, n’aurait que le tribut qu’ils avaient l’habitude de lui payer chaque année. Djenaha, qui gouvernait l’Ifrîkïa à la place de Djoredjîr, chassa alors le patrice, et, plus tard, les habitants du pays se rassemblèrent et prirent pour chef un nommé Elatîlion [ou Elatérion, Eleuthèrion]. Quant à Djenaha, il passa en Syrie, et alla trouver [le khalife] Moaouïa-Ibn-Abi-Sofyan[4], à qui il exposa la situation de l’Ifrîkïa. Lui ayant demandé, en même temps, à y être renvoyé à la tête d’une armée arabe, il obtint un corps de troupes assez nombreux et partit pour Alexandrie avec Moaouïa-Ibn-Hodeidj. Arrivé en cette ville, il mourut, et ce fut Moaouïa-Ibn-Hodeidj qui conduisit l’armée en Ifrîkïa. Ainsi la guerre, qui s’annonçait depuis quelque temps, éclata de nouveau. Dans cette armée, se trouvèrent Abd-el-Mélek, fils de Merouan ; Yahya, fils d’El-Hakem ; Coreib, fils

  1. Les manuscrits portent Khodeidj, mais l’orthographe de ce nom telle qu’Abou-’l-Mahacen l’a fixée, nous a parue préférable.
  2. Ibn-Khaldoun place cette nomination en l’an 34.
  3. Variante : Ouelîma.
  4. Moaouïa fut reconnu pour khalife en l’an 41 (661) ; la date 34, donnée par Ibn-Khaldoun est donc fausse.