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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/456

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APPENDICE.

la voix qui continua à se faire entendre, et arrivé au lieu où le mihrab devait être placé, le cri cessa. Fichant alors son étendard dans la terre, il leur dit : « Voici notre mihrab. » Dès lors, l’on se mit à bâtir des maisons, des lieux d’habitation, et d’autres mosquées, et la ville se remplit d’habitants. Sa circonférence était de trois mille six-cents toises, et les travaux furent achevés en l’an 55 (675). Le peuple s’y établit alors, et elle devint une place d’importance. — Il existait sur le lieu Cairouan fut bâti, un petit château fondé par les Grecs et appelé Camounîa[1].

Ocba continua à administrer avec habileté la province d’Afrique jusqu’à ce que [le khalife] Moaouïa nomma Masléma-Ibn-Mokhalled-el-Ansari (natif de Médine) gouverneur de ce pays ainsi que de l’Égypte dont il retira le gouvernement des mains d’Ibn-Hodeidj.

§ V. — GOUVERNEMENT DE MASLÉMA-IBN-MOKHALLED.

A son arrivée en Égypte, dit l’historien, Masléma fit choix d’un de ses affranchis nommé Dinar et surnommé Abou-’l-Mohadjer, pour être son lieutenant en Ifrîkïa. Ceci eut lieu en l’an 55 (675 de J.-C.). Le nouveau gouverneur se rendit à sa destination ; mais ayant de la répugnance à habiter la ville fondée par Ocba, il s’arrêta à deux milles de là[2], et traça les fondations d’une autre ville afin de perpétuer le souvenir de son nom et de rendre inutile l’ouvrage de son prédécesseur. Cette nouvelle ville fut nommée par les Berbères Kîrouan[3]. Quand la construction en fut commencée, il ordonna d’abattre la ville d’Ocba. Celui-ci en fut tellement courroucé, qu’il se rendit auprès du khalife Moaouïa et lui adressa ces paroles : « C’est moi qui ai envahi et subjugué cette province ; j’y ai fondé des mosquées, bâti des maisons et établi

  1. Ou Counîa, selon Ibn-Abd-el-Hakem. — (Voyez ci-devant, p. 307.)
  2. Sur la route de Tunis, dit Ibn-er-Rakîk, dans un passage cité par Ibn-el-Abbar. (Voyez le Holla, ms. de la Société Asiatique, fol.  138, verso.) Selon Ibn-Abd-el-Hakem, Abou-’l-Mohadjer fut le premier général musulman qui resta en Ifrîkïa à la suite d’une expédition ; les autres s’en retournèrent au Vieux-Caire aussitôt qu’ils eurent terminé les campagnes qu’ils avaient entreprises.
  3. Variante : Tekîrouan (?). Le mot est sans points dans le manuscrit.