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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/460

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APPENDICE.

vers l’Ifrîkïa. Quand on fut à la hauteur de la source d’eau qui est aujourd’hui appelée Ma-el-Férès (l’eau du cheval), mais qui n’existait pas alors, Ocba et ses troupes furent réduits à la dernière extrêmité par la soif. Il fit en conséquence une prière de deux rékas, et invoqua Dieu tout-puissant. Aussitôt son cheval commença à gratter la terre avec son pied, et à écarter le gravier, de sorte qu’il mit à découvert une couche de rocher d’où sortait de l’eau. L’animal se mit alors à boire, et d’après les ordres d’Ocba, les troupes creusèrent la terre, et ouvrirent soixante-dix puits, d’où elles tirèrent assez d’eau pour étancher leur soif et faire leur provision. Ce fut alors que ce lieu reçut le nom de Ma-el-Férès[1]. De là il se rendit à Tobna, petite ville à huit journées de Cairouan, et dans l’assurance que le pays tout entier était parfaitement soumis et qu’il n’y avait plus d’ennemi à craindre, il ordonna à ses troupes de marcher, par détachements, à leur destination. Il se dirigea lui-même vers Tehouda et Badîs pour en faire la reconnaissance et pour voir combien il faudrait de cavalerie pour bloquer ces deux villes. Quand il y eut laissé les hommes nécessaires pour cet objet, les Roum remarquèrent qu’il ne lui restait qu’un très-petit nombre de troupes et conçurent l’espoir de l’accabler. Ayant donc fermé les portes de leurs forteresses, ils lui lancèrent des flèches, des pierres et des imprécations, pendant qu’il les appelait [à se convertir] à Dieu. Quand il fut parvenu au cœur du pays, les Roum envoyèrent un agent auprès de Koceila-Ibn-Behrem[2] el-Aurébi, chef Berbère qui se trouvait avec l’armée d’Ocba.

§ VII. — RÉVOLTE DE KOCEILA ; MORT D’OCBA-IBN-NAFÊ, ET PRISE DE CAIROUAN.

Koceila était un des hommes principaux parmi les Berbères.

  1. Selon Ibn-Abd-el-Hakem, cette aventure arriva sur la route du Fezzan à Tripoli. (Voyez ci-devant, page 310.) On trouve cependant un Aïn-Férès (source du cheval), au pied du télégraphe de Sidi-Daho, entre Tlemcen et Sidi-Bel-Abbès, précisément sur la route que devait suivre Okba en retournant du Sous en l’Ifrîkïa.
  2. Il faut lire Lemezm.