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EN-NOWEIRI.

bénédiction de Dieu soit sur toi ! » Ibn-el-Athîr dit, dans son ouvrage historique intitulé le Kamel, qu’Abd-el-Mélek nomma Hassan gouverneur en l’an 74 (693-694 de J.-C.), quelque temps après la mort d’Ibn-ez-Zobeir ; mais selon Ibn-er-Rakîk, le khalife envoya Hassan en Afrique avec des troupes en l’an 69[1]. L’historien dit que cet émir entra en Ifrîkïa avec la plus forte armée qui y eut jamais mis le pied.

§ X. — PRISE ET DESTRUCTION DE CARTHAGE.

Aussitôt entré à Cairouan, dit l’historien, Hassan demanda s’il restait encore des princes en Ifrîkïa. On lui désigna le commandant de Carthage, grande ville qui n’avait pas encore été prise, et contre laquelle Ocba avait échoué. Hassan se mit en marche et livra un assaut si furieux à la ville qu’il força les Grecs qui s’y trouvaient à prendre la fuite et à s’embarquer. Les uns passèrent en Sicile, les autres en Espagne. Hassan, ayant pénétré de vive force dans la place, ne fit que piller, tuer et faire des captifs[2]. Il expédia alors des détachements dans les environs et donna l’ordre de mettre la ville en ruines. Les musulmans en détruisaient tout ce qu’il leur était possible de faire, quand leur général apprit que les Grecs et les Berbères s’étaient rassemblés à Satfoura et Benzert. Il alla aussitôt les y attaquer, et il en tua un grand nombre. Les musulmans s’emparèrent de ce territoire et réduisirent toutes les places fortes auxquelles ils mirent le siége. Les habitants de l’Ifrîkïa en furent consternés ; les Roum, mis en déroute, se réfugièrent dans la ville de Bédja, et les Berbères dans celle de Bône. Hassan retourna ensuite à Cairouan pour prendre du repos et en donner à ses troupes.

  1. En l’an 78, selon l’auteur du Baïan qui avoue qu’on ignore les véritables dates de l’expédition de Hassan-Ibn-en-Noman, de la prise de Carthage et de la mort de la Kahena. Il aurait pu ajouter, de presque tous les faits qui se sont passés en Afrique sous les premiers émirs arabes ; même, dans le récit de ces faits, les historiens et traditionnistes se contredisent.
  2. Selon Ibn-Abd-el-Hakem, il ne se trouva dans la ville qu’un petit nombre de Roum, tous de la classe pauvre. Le reste s’était embarqué avec leur gouverneur.