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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/472

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APPENDICE.

clara prêt à reconnaître son autorité, et l’invita à venir le trouver. L’ayant alors introduit dans les villes dont il était le maître, et ayant pris l’engagement pour lui et les siens d’obéir aux volontés du chef musulman, il lui dépeignit l’état de l’Espagne, et le pressa de s’y rendre. Mouça en écrivit [au khalife] El-Ouélîd, pour obtenir de lui l’autorisation nécessaire. Ceci se passa vers la fin de l’an 90 (octobre 709 de J.-C.). Le khalife donna son consentement à cette entreprise avec d’autant plus de facilité, qu’il n’y avait qu’une mer étroite à traverser. Mouça fit partir alors un de ses clients nommé Tarîf[1], accompagné de quatre cents fantassins et de cent cavaliers. Quatre navires les transportèrent dans l’île, nommée depuis, l’île de Tarîf[2]. De là, Tarîf fit une incursion vers Algésiras, et revint sain et sauf avec un riche butin. Ce fait eut lieu au mois de Ramadan, de l’an 91 (juillet 710 de J.-C.)[3]. Témoins de la suite heureuse de


    ou Yulîan). On ne peut plus révoquer en doute l’existence de ce chef trop célèbre. Dans la partie nécrologique des Annales d’Ed-Dehebi, an 326, on trouve l’article suivant que M. de Gayangos n’a pas connu et qui nous aidera à deviner le sort de Julien et de ses descendants : « Abou-Soleiman-Aïoub, fils d’El-Hakem, fils d’Abd-Allah, fils de Melka-Bitro (Pedro) fils d’Ilîan, était d’origine gothe. Il étudia sous Baki-Ibn-Mokhelled et profita beaucoup des leçons de ce maître. Etant allé en Irac, il cultiva la science des traditions sous le cadi Ismaîl-Ibn-Ishac. Comme jurisconsulte, il suivit son propre jugement, sans adopter aveuglément les opinions des anciens légistes. Il forma plusieurs élèves. La noblesse de sa naissance égalait son savoir, car il eut pour aïeul cet Ilîan qui fit entrer l’islamisme en Espagne. Il mourut en l’an 326 (937-8). » — L’inspection des noms qui composent cette généalogie nous fait savoir que Julien et son fils Pedro étaient restés chrétiens et qu’un de ses petits-fils se convertit à l’islamisme et prit le nom d’Abd-Allah. On voit aussi que la famille de Julien avait continué, pendant deux siècles, à jouir d’une très-haute considération parmi les musulmans.

  1. Ibn-Abd-el-Hakem ne fait aucune mention de ce Tarîf ; mais il connaît deux Tarec : l’un, fils d’Amr, et, l’autre fils d’Abbad.
  2. En arabe, Djezîra-Tarîf, maintenant Tarifa.
  3. Ce fut en l’an 27, pendant le khalifat d’Othman, que les Arabes firent leur première descente en Espagne, sous la conduite d’Abd-Allah-Ibn-Nafê et d’Abd-Allah-Ibn-Hosein. La descente de Tarîf eut lieu en 91, et fut suivie, la même année, par celle de Tarec. Mouça s’y rendit l’année suivante. — (Baïan).