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EN-NOWEIRI.

forte. Après un siége de plusieurs mois, Mouça s’avança pour faire pratiquer une brêche aux murailles, mais la garnison opéra une nouvelle sortie et tailla en pièces un nombre considérable de musulmans au pied de la tour nommée depuis la Tour des Martyrs (Bordj-es-Chohedâ). Mérida se rendit, enfin, le dernier jour du mois de Ramadan de l’an 94 (30 juin 713 de J.-C.). La capitulation porta que les musulmans se mettraient en possession des biens de ceux qui périrent lors de l’embuscade, de ceux qui avaient abandonné la ville pour fuir en Galice, et des propriétés des églises, ainsi que de l’église principale.

Plus tard, le peuple de Séville s’étant assemblé, courut sur les musulmans et extermina tous ceux qui se trouvaient dans la ville. Mouça y envoya son fils, Abd-el-Azîz, à la tête d’une armée, pour en faire le siége, et celui-ci fit périr tous les habitants. Puis, il alla s’emparer de Lebla (Niebla) et Béja, après quoi il retourna à Séville.

Le même auteur dit plus loin :

Mouça partit de Merida dans le mois de Choual, pour se rendre à Tolède. Tarec alla au-devant de lui et descendit de cheval sitôt qu’il le vit, mais Mouça lui porta à la tête un coup de fouet, parce qu’il avait outrepassé ses ordres. Arrivé à Tolède, Mouça exigea de Tarec la remise du butin et de la table. Un des pieds de cette table avait été enlevé par Tarec, et Mouça l’ayant interrogé sur ce sujet, reçut pour réponse qu’on l’avait trouvée ainsi. Il y fit mettre un nouveau pied en or, et marcha ensuite contre Saragosse, dont il s’empara ainsi que des villes voisines. Alors il envahit le pays des Francs, et arrivé dans un vaste désert et une plaine où étaient des puits, il trouva une statue [ou piédestal] debout et portant cette inscription : « Enfants d’Ismaîl ! c’est ici le terme de votre marche ; ainsi, rebroussez chemin ! Désirez-vous savoir le sort qui vous attend ? Je vous le dirai : Il y aura des dissentions dans lesquelles vous vous couperez les têtes les uns aux autres. »

Mouça revint alors sur ses pas, et, chemin faisant, il rencontra un messager qui lui porta l’ordre de quitter l’Espagne et de l’accompagner auprès d’El-Ouélîd. Ce contre-temps le fâcha beau-