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le chien d’or

— Bah ! ce n’est rien, cela, répliqua Bigot ; trouvez moi quelque chose de mieux. Je voudrais voir un des membres de la grande compagnie, qui serait de force à renverser le Chien d’Or.

— Moi ! moi ! crièrent une douzaine de voix.

Bigot voulait tendre un piège à Le Gardeur !

— Et moi donc ! moi je le renverserai, chevalier, si vous le désirez, s’écria Le Gardeur, pris de vin et tout oublieux du respect et du dévouement, qu’il devait au père de son ami, Pierre Philibert.

— Je prends votre parole, Le Gardeur, et j’engage votre honneur en face de tous ces gentilshommes, fit Bigot au comble de la joie.

— Quand dois-je agir ? aujourd’hui ?

Le Gardeur était prêt à décrocher la lune, dans l’état où il était ; il ne doutait de rien.

— Non, pas aujourd’hui, dit Bigot, il faut laisser mûrir la poire avant de la cueillir. Nous avons jusque là votre parole d’honneur.

Il était bien content du succès de son stratagème.

— Ma parole est éternelle ! reprit Le Gardeur, et sa voix fut couverte par un nouvel applaudissement et par des chants honteux, dignes tout au plus d’égayer des satyres.

XIII.

Le sieur Cadet s’étendit paresseusement dans sa chaise, ouvrant et fermant des yeux chargés de sommeil.

— Nous voilà ivres comme des brutes, dit-il ; il faudrait quelque chose pour nous réveiller, et nous rafraîchir les idées. Voulez-vous que je propose une santé à mon tour ?

— C’est bien, Cadet, propose n’importe quelle santé. Pour l’amour de toi, je boirais à tout ce qui vit dans le ciel, sur la terre et dans les enfers.

— C’est une santé que vous allez boire à genoux, Bigot ; faites-moi raison, et remplissez la plus profonde de vos coupes.

— Nous la boirons à quatre pattes si vous l’aimez ;