Aller au contenu

Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
100
le chien d’or

Acadienne, dont le fondateur, le baron de St-Castin, avait épousé une beauté indienne, la fille du grand chef des Abénaquis.

La maison de son père, l’une des plus importantes de la colonie, fut longtemps le rendez-vous de tous les officiers royaux de l’Acadie. Unique enfant de cette noble maison, elle fut élevée, comme l’exigeaient son rang, sa position, et le luxe de l’époque, dans tous les raffinements.

Dans une heure d’infortune, la belle jeune fille rencontra pour son malheur le chevalier Bigot, commissaire en chef de l’armée, et par conséquent l’un des premiers officiers de l’Acadie.

Elle n’était pas accoutumée aux manières séduisantes de la mère patrie, et l’esprit délicat et la courtoisie charmante de cet homme lui plurent et l’enchantèrent. Elle était gaie, franche, confiante. Son père, tout entier aux affaires publiques, l’avait trop souvent laissée à elle-même ; au reste, il n’aurait pas désavoué les assiduités du chevalier Bigot, s’il les avait connues ; parce que profondément honorable lui-même, il ne croyait pas qu’un gentil homme pût faire une chose malhonnête.

Bigot, rendons-lui cette justice, apportait dans ses relations avec mademoiselle de St-Castin, toute la sincérité dont il était capable. Elle était au-dessus de lui par son rang et sa fortune, et il l’aurait épousée s’il n’avait pas appris que son projet soulevait l’indignation à la cour de France. Il lui avait déjà offert son amour ; il régnait en maître dans son cœur trop sensible.

Caroline espérait comme elle aimait. Nulle part la terre n’était verdoyante, l’air pur, le ciel serein comme sur les bords du Bassin des mines, ces lieux témoins de ses tendres amours. Elle aimait avec cette passion qui jette dans l’extase. Elle gardait les promesses qu’elle faisait à cet homme, comme elle eut gardé ses promesses à Dieu. Elle l’aimait plus qu’elle même, et elle était heureuse de souffrir pour lui et à cause de lui.