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le chien d’or

Bigot était trop habile pour manquer de politesse.

— Vous êtes le bienvenu ! colonel Philibert, dit-il ; vous n’étiez pas attendu, mais vous êtes le bienvenu. Approchez : voyez d’abord, avant de vous acquitter de votre message, l’hospitalité qui se donne à Beaumanoir… Vite ! serviteurs ! des coupes nouvelles et des carafes pleines en l’honneur du colonel Philibert.

— Merci de votre politesse, chevalier. Vous me pardonnerez bien si je m’acquitte de mon message immédiatement ; mon temps ne m’appartient pas aujourd’hui, et je ne puis m’asseoir. Son Excellence le gouverneur désire votre présence et celle des commissaires royaux au conseil de guerre qui aura lieu cet après-midi. On vient de recevoir des dépêches du pays, par le Fleur de lys ; et il faut que le conseil s’assemble immédiatement.

Philibert songea à l’importance des questions qui allaient être discutées ; il pesa l’attitude de ces hommes qui allaient former le conseil, et une rougeur subite lui monta au front. Il refusa de boire et s’éloigna de la table en saluant l’Intendant et ses compagnons.

IX.

Il se retirait. Alors, de l’autre bord de la table une voix lui cria :

— Mais, par tous les dieux ! c’est lui ! Pierre Philibert, arrête !

Le Gardeur de Repentigny se précipita comme un tourbillon, renversant chaises et convives, tout ce qui lui barrait le chemin. Il courut vers le colonel. Celui-ci ne le reconnut pas à cause du désordre de ses vêtements et de sa figure, et le repoussa pour ne pas subir ses embrassements.

— Mon Dieu, Pierre ! est-ce que tu ne me reconnais pas ? fit Le Gardeur, piqué au vif. Je suis Le Gardeur de Repentigny. Regarde-moi bien, mon cher ami, voyons ! regarde-moi bien…