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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/135

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le chien d’or

— Regarde Babet, je ne donnerais pas cette prise de tabac, dit Jean en montrant son pouce et son index pleins de la piquante poussière, je ne donnerais pas cette prise pour le jeune homme qui resterait indifférent devant une fille aussi belle que Angélique Des Meloizes.

— Alors, je suis bien aise que tu n’aies pas dit au seigneur de Repentigny qu’elle a traversé pour aller voir quelqu’un qui n’est pas lui, j’en suis bien sûre… Je le conterai quelque chose, tout à l’heure, Jean, si tu veux venir dîner. Viens ! j’ai un mets à ton goût.

— Qu’est-ce donc, Babel ?

Jean, après tout, aimait presque autant un bon dîner qu’une jolie femme.

— Quelque chose que tu aimes bien… C’est un secret de femme cela : Tenir bien chaud l’estomac d’un homme, pour que son cœur ne se refroidisse point… Que dis-tu d’une anguille rôtie ?

— Bravo ! cria le gai batelier, et il se mit à chanter :

Ah ! ah ! ah ! frite à l’huile,
Frite au beurre et à l’oignon !

Et les deux époux rentrèrent dans leur maisonnette, plus heureux que les rois dans leurs palais somptueux.