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le chien d’or

Tilly, quand elles sonnent pour une noce ; il repose de la fatigue et fait aller au travail avec gaieté.

IX.

On entendait un grand murmure de voix, des éclats de rire continuels, pas de contredits. Les habitants d’en haut et ceux d’en bas étaient là, mêlés dans une parfaite harmonie, ce qui n’arrivait pas souvent. Personne même, d’entre les Canadiens qui parlaient bien le français, ne songeait à taquiner les Acadiens à cause de leur rude patois.

Quand l’Acadie tomba aux mains des Anglais, un grand nombre de ses habitants montèrent à Québec. C’étaient des gens hardis, robustes, querelleurs, qui s’en allaient çà et là provoquer les autres avec leur provocante interrogation : Étions pas mon maître, monsieur ?

Mais ce jour-là, tous se montraient civils, ôtaient leurs tuques et saluaient avec une politesse que n’auraient pas dédaignée les rues de Paris.

X.

La foule augmentait toujours dans la rue Buade. Max Grimau et Bartémy, les deux vigoureux mendiants de la porte de la Basse-ville, surent cependant garder leur place accoutumée dans les marches de l’escalier et firent une fameuse récolte de gros sous. Max était un vieux soldat en retraite, encore vêtu de l’uniforme qu’il portait à la défense de Prague, sous le maréchal de Belle-Île ; mais l’uniforme était en guenilles.

Bartémy était aveugle et mendiant de naissance. Le premier était un bavard, un importun ; le second un homme silencieux, qui ne faisait que tendre au passant sa main tremblante. Pas un ministre de finances, pas un intendant royal n’ont jamais cherché avec autant d’ardeur et autant de succès, peut-être, les moyens de taxer un royaume, que Max et l’aveugle, les moyens de taxer les passants.

C’était une bonne journée pour nos deux men-