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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/187

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le chien d’or

allez avoir votre tour. Ils ne vous placeront pas moins chaudement que moi.

Les habitants ne connaissaient point l’Intendant, mais ils connaissaient bien Cadet, Varin et les autres, et quand ils les aperçurent ils leur jetèrent des malédictions.

— Est-ce que ces gens-là nous arrêtent pour nous insulter ? demanda Bigot. Il n’est pas naturel pourtant de supposer qu’ils connaissent notre retour.

Et tout impatient, il essaya de faire avancer son cheval, mais inutilement.

— On ! non, Excellence ! c’est la populace que le gouverneur a mandé pour la corvée du roi. Elle vient présenter ses hommages au Chien d’Or. Le chien d’or, c’est son idole ! J’imagine qu’elle ne s’attendait pas à nous voir la troubler dans ses dévotions

— Les vils moutons ! ils ne valent pas la peine d’être tondus ! s’écria Bigot avec colère, en regardant le Chien d’Or qui semblait le défier.

— Rangez-vous, vilains ! fit-il aussitôt, en éperonnant son cheval. Lancez au milieu d’eux votre vaillant Flamand, Cadet, et n’épargnez pas les pieds.

XII.

C’était justement ce que Cadet voulait :

— Venez, Varin, cria-t-il, venez tous ! donnez de l’éperon et ouvrez vous un chemin dans cette tourbe.

Tous les cavaliers s’élancèrent frappant de droite et de gauche avec leurs pesants fouets de chasse. Il s’ensuivit une violente mêlée. Plusieurs habitants furent foulés aux pieds des chevaux et plusieurs gentilshommes vidèrent les étriers. L’Intendant était furieux : son sang gascon s’échauffait vite. Il frappait de son mieux, et on pouvait le suivre à la trace ensanglantée qu’il laissait.

Il fut reconnu à la fin, et une clameur immense retentit :

— Vive le Chien d’Or ! À bas la Friponne !