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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/188

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le chien d’or

Quelques uns des plus hardis se risquèrent à crier :

— À bas l’Intendant ! à bas ! les voleurs de la grande compagnie !

Par bonheur, les habitants n’avaient point d’armes. Ils se mirent à lancer des pierres et essayèrent de démonter les gens à cheval. Ils en renversèrent plusieurs. L’amour de Jean La Marche, son cher violon, périt écrasé dans la première charge. Jean se précipita à la bride du cheval de l’Intendant, mais il reçut un coup qui le renversa.

L’Intendant et ses amis tirèrent l’épée. Une catastrophe était imminente. Alors, le bourgeois envoya un messager au château, puis il s’élança au milieu de la foule, suppliant et menaçant.

On le reconnut aussitôt et il fut acclamé. Avec toute son influence, il n’aurait pas réussi, cependant, à calmer la fureur soulevée par les violences de Bigot ; mais les soldats s’avançaient et le roulement de leurs tambours couvrit le bruit de la bagarre.

Quelques minutes encore, et une longue file de baïonnettes étincelantes, ondula dans la rue du Fort. C’étaient les troupes du colonel St. Rémi. Elles se préparèrent à charger la foule. Mais le colonel, qui était un homme de sens, vit d’un coup d’œil ce qui se passait, et il commanda la paix avant d’employer la force pour la rétablir. Le peuple obéit aussitôt, et calme et silencieux, se retira paisiblement devant les troupes. Il n’avait assurément pas l’intention de résister à l’autorité. Les soldats ouvrirent un chemin et l’Intendant put s’éloigner avec ses amis.

Ils furent poursuivis par une volée d’imprécations. Ils répondirent bien, du reste ; et, jurant, blasphémant, ils traversèrent la Place d’Armes au galop, et se précipitèrent pêle-mêle sous la porte du château St. Louis.

Tout rentra dans le silence. Quelques uns des plus timides avaient peur, cependant, des conséquences de cet attentat sur la personne de l’Intendant royal. Mais tous s’en allèrent, par groupes ou seul à seul,