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le chien d’or

Louisbourg avait été rasé par les anglais ; Louisbourg, ce bras cuirassé qui s’étendait hardiment sur l’Atlantique, le boulevard de la Nouvelle France ; et maintenant, l’armée anglaise envahissait l’Acadie et menaçait Québec par terre et par mer.

Une rumeur rapide, la rumeur d’un danger prochain, passa comme un souffle sur la colonie, et le vaillant gouverneur, voulant mettre la ville en état de défense, donna aux habitants des ordres qui furent reçus avec enthousiasme. Le peuple accourut pour jeter le défi à l’ennemi.

III.

Rolland-Michel Barrin, comte de la Galissonnière, n’était pas moins remarquable par ses connaissances philosophiques, qui le plaçaient au premier rang parmi les savants de l’Académie française, que par son habileté politique et sa sagesse d’homme d’état. Il comprenait bien quels intérêts sérieux se jouaient dans cette guerre ; il voyait clairement quelle politique la France devait adopter pour sauver ses magnifiques possessions de l’Amérique du Nord. Mais la cour de Versailles n’aimait pas ses conseils. Elle s’enfonçait rapidement alors dans le bourbier de corruption qui infecta les dernières années du ce règne de Louis XV.

Chez le peuple, qui admire les actions plutôt que les paroles, on honorait et l’on tenait pour un brave et habile amiral, le comte qui avait triomphalement promené sur les mers le drapeau de la France, et l’avait fait respecter par ses plus puissants ennemis, les Anglais et les Hollandais.

La mémorable défaite qu’il fit essuyer à l’amiral Byng, huit ans après les événements que nous racontons ici, et que le malheureux guerrier, condamné par une cour martiale, expia par la mort ; cette mémorable défaite, dis-je, fut un triomphe pour la France, mais pour lui une source de chagrins. Il ne put jamais, en effet, se rappeler, sans gémir, le sort cruel et injuste qu’avait fait subir à son loyal adver-