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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/20

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le chien d’or

saire, l’Angleterre, pourtant aussi généreuse et clémente, d’ordinaire, qu’elle est brave et respectée.

Déjà le gouverneur atteignait la vieillesse. Il était entré dans l’hiver de la vie, hiver qui sème sur notre tête des flocons de neige qui ne fondent jamais ; mais il était encore robuste, vermeil et plein d’activité. La nature, dans une heure d’oubli probablement, l’avait fait sans grâces et laid ; mais en retour, elle avait mis dans ce corps trop petit et quelque peu difforme, un grand cœur et un charmant esprit. Ses yeux perçants, étincelants d’intelligence et pleins d’amour pour tout ce qui était noble et grand, faisaient oublier, tant ils fascinaient, les défauts qu’une attentive curiosité pouvait découvrir sur sa figure ; ses lèvres fines et mobiles laissaient couler cette éloquence facile, qui naît de pensées lucides et de nobles sentiments.

Il devenait grand quand il parlait ; il capturait son auditoire par le charme de sa voix et la clarté de sa diction.

Il était tout heureux, ce matin-là, de se voir avec son vieil ami Peter Kalm. L’officier suédois venait lui rendre visite dans la Nouvelle-France. Ils avaient étudié en même temps, à Upsal et à Paris, et s’étaient aimés avec cette cordialité qui ressemble au bon vin et devient de plus en plus généreuse à mesure qu’elle vieillit.

IV.

Herr Kalm, ouvrant les bras comme pour saisir et étreindre sur son cœur l’adorable paysage, s’écria dans un nouveau transport :

« Voir Québec et vivre à jamais ! »

— Cher Kalm, dit le gouverneur mettant affectueusement la main sur l’épaule de son ami, et se sentant gagné par son enthousiasme, vous êtes encore l’amant de la nature, comme vous l’étiez au temps où nous allions tous deux nous asseoir aux pieds de Linnée, notre illustre jeune maître, pour l’écouter nous dévoiler les mystères des œuvres de Dieu. Nous