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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/190

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le chien d’or

dernier homme qui voulut fomenter quelque trouble. L’avez vous vu, chevalier ?

— La multitude encombrait la rue, en face de ses magasins, et criait des vivats pour le Chien d’Or. Nous essayâmes de passer ; cela fut impossible ! Je ne l’ai aperçu lui, qu’au moment où la confusion était à son comble.

— Et je suis certain, chevalier, qu’il n’encourageait pas les émeutiers.

— Je ne l’accuse point ; mais ces canailles-là, c’étaient ses amis et ses partisans. Néanmoins, je serai assez juste pour déclarer qu’il a fait son possible pour nous protéger, ajouta-t-il, car il savait bien qu’il lui devait la vie probablement.

Il reprit aussitôt :

— J’accuse Philibert de semer l’esprit de révolte, qui produit les émeutes ; je ne le crois pas émeutier lui-même.

— Moi, je l’accuse de ces deux crimes et de tout le mal qu’a fait la populace ! hurla Varin, enragé d’entendre l’Intendant parler avec modération. La maison du Chien d’Or est un repaire de traîtres, fit-il. Il faudrait la renverser de fond en comble, et en prendre la pierre pour élever un monument d’infamie sur le cadavre de son propriétaire… de son propriétaire que l’on aurait fait pendre comme un chien, d’abord, sur la place du marché.

— Silence, Varin ! exclama le gouverneur avec sévérité. Je ne veux pas que l’on parle en termes injurieux du sieur Philibert. L’Intendant ne l’accuse point d’avoir pris part à cette émeute, et vous non plus, n’est-ce pas ?

— Pour Dieu ! Varin, vous ne le ferez point, non ! et vous allez me rendre compte des paroles que vous venez de prononcer ! s’écria de La Corne St. Luc, indigné de voir son ami le bourgeois si cruellement outragé.

— La Corne ! La Corne ! nous sommes dans un conseil de guerre, et ce n’est pas le lieu de faire des récriminations, dit le gouverneur.