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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/191

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le chien d’or

Il parlait presque avec véhémence. Il prévoyait une rencontre, et voulait la conjurer. Il ajouta :

— Asseyez-vous, mon vieil ami, et puis aidez-moi à faire ce que demandent de nous le roi et la colonie ; nous sommes ici pour cela.

— De La Corne reprit son siège. Ces paroles l’avaient désarmé.

XIV.

Le gouverneur continua en s’adressant à l’Intendant :

— Vous avez parlé du bourgeois Philibert d’une manière généreuse, chevalier Bigot ; cela me fait plaisir. Le colonel Philibert, mon aide de-camp, vient justement d’entrer : il sera heureux de vous voir rendre ainsi justice à son père.

— Foin de la justice ! marmotta Cadet. Que j’ai été bête de ne pas profiter de la chance qui s’est offerte !… j’aurais dû lui passer mon épée au travers du corps, à ce bourgeois.

Le gouverneur raconta à Philibert ce qui venait d’avoir lieu. Philibert s’inclina en regardant Bigot :

— Je suis fort reconnaissant à l’Intendant, dit-il, mais je m’étonnerais que l’on osât impliquer mon père dans cette affaire. L’Intendant n’a fait que se montrer juste.

Bigot n’aimait pas mieux le colonel Philibert que le bourgeois, et cette observation lui déplut. Il répliqua froidement :

— J’ai dit, colonel, que votre père n’avait pas pris une part active à l’émeute ; et c’est vrai : mais je ne saurais l’excuser de se mettre à la tête du parti qui nous outrage continuellement. Je n’ai pas peur de dire la vérité. Quand j’ai mon opinion sur un homme, je l’ai. Je me soucie du bourgeois comme de la dernière toque bleue de son entourage.

XV.

C’étaient des paroles malheureuses ; il le comprit bien. Mais il regrettait presque d’avoir rendu témoi-