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CHAPITRE XV.

LA CHARMANTE JOSÉPHINE.

I.

Caroline de St-Castin s’était jetée sur un sofa.

Les mains croisées sur son cœur, elle se délectait dans les paroles affectueuses que Bigot venait de lui dire. C’était la manne bénie qui ranimait ses affections mourantes. Elle se sentait heureuse, car il ne l’avait pas trompée, cette fois ! Il était ému, il l’aimait encore ! C’était ainsi, dans les beaux jours de jadis, en Acadie, c’était ainsi qu’il la regardait, qu’il lui parlait…

— Oh ! j’étais trop fière de mon pouvoir sur lui, en ce temps-là ; et je croyais, pauvre insensée, qu’il valait le prix que je le payais ! murmurait-t-elle.

Ses pensées devinrent plus sérieuses et plus tristes :

— Hélas ! se dit-elle, pour lui j’ai oublié Dieu !… pour lui et pour moi ! Pour moi ! voilà le châtiment !

Je ne peux pas comprendre le mal que je fais en l’aimant !… Mon regret n’est pas sincère puisque j’aime encore son sourire ! Que je suis malheureuse ! Bigot ! Bigot ! Bigot ! je voudrais pouvoir t’oublier et je ne le puis !… Je voudrais mourir à tes pieds ! Oh ! ne me méprise pas, ne donne pas à une autre un amour qui m’appartient à moi seule, et qu’un jour je n’ai pas hésité à acheter au prix de mon âme immortelle !