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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/211

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LE CHIEN D’OR

— Il vous a dit cela ? reprit-elle tout anxieuse. Dieu vous bénisse ! Dieu le bénisse lui aussi !

III.

Elle avait des larmes plein les yeux, de l’espoir plein le cœur.

— Oui, continua-t-elle, je resterai seule ; je ne veux recevoir personne, personne excepté vous ! Vient-il souvent de la visite au château ? Je veux dire des dames.

— Oui, madame, souvent. Les dames de la ville n’oublieront pas le bal et le dîner de l’Intendant, soyez en persuadée. Ce sera la plus belle fête possible. Aussi elle est attendue avec une impatience extraordinaire. Il y a une jeune fille, la plus belle et la plus enjouée de toutes, qui n’aurait pas d’objection, paraît-il, à devenir la fiancée de l’Intendant.

Le trait fut lancé par inadvertance ; il n’en alla pas moins au cœur de Caroline.

— Quelle est cette jeune fille ? demanda-t-elle, d’une voix enfiévrée.

— Ah ! madame, si j’allais la nommer, elle pourrait me le faire payer cher ! C’est la plus grande coquette de la ville. Les hommes l’adorent, les femmes la détestent.

Les femmes la détestent mais elles l’imitent ; elles copient ses modes et ses manières. Elles tremblent pour leurs fiancés quand Angélique Des Meloises arrive.

— C’est Angélique Des Meloises qu’elle s’appelle ? je n’ai jamais entendu prononcer ce nom là encore, observa Caroline en frissonnant.

Quelque chose lui disait que ce nom était pour elle de fatal augure.

— Que Dieu vous garde de l’entendre prononcer de nouveau ! reprit la gouvernante. C’est elle qui, un jour, se rendit chez le sieur Tourangeau et frappa sa fille Cécile de deux coups de fouet sur le front. Elle la marqua d’une croix sanglante qui paraîtra toujours. Pourquoi ? parce qu’elle avait osé,