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LE CHIEN D’OR

XII.

Caroline était assise les mains jointes dans sa chambre solitaire. Les pensées se pressaient dans son imagination maladive. Elle ne voyait pas le magnifique spectacle que la nature déployait devant elle.

Elle était contente de pleurer et de souffrir pour expier sa faute.

— Je ne mérite pas que le regard des hommes se repose sur moi ! murmura-t-elle.

Elle écoutait les accusations de son âme : elle s’avouait coupable et tremblait comme dans l’attente du jugement. Et puis, la pauvre infortunée ! elle se surprenait à excuser Bigot. Un reflet d’espoir descendit vers elle, doux comme un vol d’oiseau dans des flocons de neige.

Il ne pouvait pas oublier à jamais celle qui avait tout oublié pour lui !

Elle porta ses regards vers l’infini et elle vit des nuages de pourpre et d’or rouler lentement dans un océan de lumière. Le soleil inondait tout l’Occident. Elle fut transportée d’admiration et leva les mains au ciel.

Elle avait été témoin d’un pareil coucher de soleil, au bord du Bassin des Mines. Alors, les grives et les loriots chantaient, près de leurs nids légers, leurs douces chansons du soir : les rameaux frémissaient, les arbres semblaient se draper dans un éclatant feuillage d’or, et, sur les eaux paisibles, une traînée lumineuse tombait comme un pont merveilleux qui aurait conduit à des rives célestes.

C’était ce soir-là que l’infidèle… Mais pourquoi ces amères souvenances ?

Le soleil descendait lentement, lentement. Les crêtes de la montagne étincelèrent tout à coup. On eut dit que la forêt dont elles étaient couronnées se tordait dans un immense feu de joie. Les ombres envahirent le pied des montagnes : elles montèrent peu à peu. Puis le sommet le plus élevé resta seul