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LE CHIEN D’OR

II.

La maison des Des Meloizes s’élevait sur la rue St. Louis. Elle était grande et d’une apparence prétentieuse. Elle existe encore ; mais elle est vieille et triste maintenant. Elle porte le deuil de sa splendeur perdue. Aujourd’hui, le passant ne lève plus les yeux pour admirer sa large façade. Il en était bien autrement autrefois, alors que, dans les beaux soirs d’été, la ravissante Angélique et ses amies se mettaient aux fenêtres pour échanger des saluts et des sourires avec les jeunes officiers de la garnison.

Au moment où nous sommes, il n’y avait personne dans la maison. Une fantaisie de la belle jeune fille ! Son frère même, le chevalier Des Meloises avec qui elle habitait, venait de sortir pour aller rejoindre ses amis du régiment de Béarn. Et tous ces bruyants gascons discutaient avec chaleur, et à la fois, au tintement des verres et au murmure des ruisseaux de vin, la guerre et le conseil, la cour et les dames. Angélique était assise dans un fauteuil et Lisette, sa servante, lui remettait en ordre ses magnifiques tresses blondes qui tombaient jusqu’à terre.

— En vérité, dit l’espiègle fille, mademoiselle ressemble à une huronne avec ses longs cheveux sur le dos.

— N’importe Lisette ; dépêchez-vous !… Arrangez-les à la Pompadour. Mes idées sont aussi embrouillées que mes cheveux, reprit-elle. J’ai besoin de me reposer un peu. Souvenez-vous, Lisette, que je n’y suis pour personne, ce soir, excepté pour le chevalier de Repentigny.

Le chevalier est venu cet après-midi, mademoiselle, et il a paru bien chagrin de votre absence, répondit Lisette qui venait de surprendre une rougeur subite sur les joues de sa maîtresse.

— J’ai été à la campagne… C’est tout comme !

— Bon ! c’est fini, reprit-elle, en se regardant dans une glace Vénitienne. Ce n’est pas mal comme cela !

Elle était splendide dans sa robe de soie bleue,