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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/226

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LE CHIEN D’OR

garnie de falbalas et de bouillons de dentelles. Homère aurait dit que ses bras d’ivoire excitaient la jalousie de Junon. Un petit épagneul, son favori, dormait la tête appuyée sur l’un de ses pieds.

III.

Son boudoir était un petit nid d’une élégance et d’un luxe extraordinaires. Les meubles, les objets d’art venaient de Paris. Les tapis ressemblaient à une nappe de fleurs. Les tables de marbre étaient chargées de vases de Sèvres et de porcelaine remplis de roses et de jonquilles. Partout, d’immenses glaces Vénitiennes où se reflétait là beauté de l’orgueilleuse déesse du lieu.

Dans un coin de la chambre, une harpe ; dans un autre, une bibliothèque avec des livres magnifiquement reliés.

Angélique n’aimait pas àlire ; cependant elle connaissait un peu la littérature de l’époque. Elle brillait dans la conversation, même dans les causeries littéraires, tant elle possédait un goût sévère et une conception vive. Ses yeux valaient des livres et il y avait plus de sagesse dans son rire argentin que dans la science d’une Précieuse. Ses réparties fines, son tact et ses grâces comblaient les vides de son instruction, et l’on était tenté de louer ses connaissances comme sa beauté.

Toute voluptueuse et sensuelle qu’elle fût, elle savait apprécier les œuvres d’art, et elle aimait beaucoup la peinture. Le caractère se révèle dans le choix des tableaux comme dans le choix des livres. On voyait dans sa chambre un Vanloo : des chevaux de race dans un champ de trèfle. Ils avaient brisé la clôture et faisaient bombance dans les pâturages défendus. Un le Brun : le triomphe de Cléopâtre sur Antoine. Elle prisait fort ce tableau où elle s’imaginait se retrouver sous les traits de la fameuse reine d’Égypte. On y voyait encore des portraits de ses amis intimes. Il y en avait un de Le Gardeur ; un autre, tout nouveau celui-ci, de l’Inten-