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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/236

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LE CHIEN D’OR

lui donner votre amitié, pour l’amour de moi seulement ! ajouta-t-elle avec coquetterie.

— Quelques uns de vos proches, continua-t-elle, ne l’aiment pas cependant. Votre sœur Amélie tremble comme une sensitive quand elle entend son nom, et votre tante de Tilly s’est armée de ses regards les plus sévères quand j’ai parlé de lui, aujourd’hui.

Au nom de sa sœur, De Repentigny regarda Angélique d’un air de doute :

— Ma sœur est un ange, dit-il, et pour qu’un homme trouve grâce à ses yeux, il faut qu’il soit presque divin. Quant à ma bonne tante, elle a entendu parler de la joyeuse vie de l’Intendant. Pardonnons-lui si elle a branlé la tête en signe de pitié…

— Le colonel Philibert aussi partage les sentiments de votre sœur et de votre tante ; pour ne rien dire de la haine de son père, le bourgeois, continua Angélique un peu piquée de l’air incrédule de Le Gardeur.

— Pierre Philibert ! Il peut se faire qu’il n’aime pas l’Intendant. Il a ses raisons. Mais je répondrais de son honneur sur ma vie. Jamais il ne se rendra coupable d’injustice envers qui que ce soit.

Le Gardeur ne condamnait pas ses amis si facilement que cela.

Angélique cacha adroitement le stylet qu’elle venait d’essayer :

— Vous avez raison, dit-elle hypocritement, Pierre Philibert est un gentilhomme digne de vous. Je déclare que je n’ai jamais vu un plus bel homme, d’abord. C’est un homme comme lui dont j’ai toujours rêvé. Quel dommage, Le Gardeur ? que je vous aie vu le premier ! ajouta-t-elle en lui tirant coquettement une mèche de cheveux.

— Je pense bien, Angélique, que vous me jetteriez aux poissons s’il devenait mon rival, répliqua De Repentigny en badinant : mais je n’appréhende aucun danger. Je sais où il a porté ses affections et je ne saurais être jaloux de ses succès.