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LE CHIEN D’OR

qu’un m’a soupçonné de négligence, voilà ma justification.

— De la chasse !

Angélique feignait d’être surprise. Elle connaissait bien, cependant, les joviales orgies du château.

Elle reprit :

— On dit que le gibier se fait rare autour de la ville, chevalier, et que les parties de chasse de Beaumanoir ne sont plus que de spécieux prétextes aux fines parties de plaisir. Est-ce vrai ?

— Parfaitement vrai, mademoiselle ! répondit Bigot en riant, et les deux vont ensemble comme une paire d’amoureux.

— Jolie comparaison ! fit mademoiselle Des Meloises avec un rire argentin.

Tout de même, ajouta-t-elle, je parierais que le gibier ne vaut pas la poudre.

— Je suis d’avis, moi, que le jeu vaut toujours la chandelle !

Sincèrement, la chasse est encore bonne dans Beaumanoir, et vous l’avouerez vous-même, si vous nous faites l’honneur de chasser avec nous quelque jour.

Elle le regarda malicieusement :

— Eh que trouvez-vous, s’il vous plaît, dans cette forêt de Beaumanoir.

— Oh ! des lapins, des lièvres, des chevreuils, puis, de temps en temps, un ours grognard ! Il en faut pour éprouver le courage des chasseurs.

— Comment ! pas de renards qui friponnent ces imbéciles de corbeaux ! pas de loups qui mangent les petits chaperons rouges ?…

Tenez ! chevalier, il y a meilleur gibier que cela !

— Oh ! oui, nous voyons des loups et des renards, mais nous ne sonnons pas de cor pour eux.

— On dit, chevalier, reprit Angélique avec un accent plein de séduction, qu’il y a, dans cette forêt de Beaumanoir, quelque chose de bien préférable aux fauves et aux oiseaux…

Parfois les Intendants rencontrent des brebis