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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/257

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LE CHIEN D’OR

ment continua-t-elle. Il vaudrait mieux peut-être ne plus le voir. Qui sait ce qui peut arriver ?

Elle avait l’air d’avertir l’intendant.

— Je suis heureux de voir qu’une amitié sincère vous unit à Le Gardeur, remarqua Bigot avec artifice. Vous apprendrez avec joie que nous avons l’intention de l’élever à une haute et lucrative position dans la compagnie, si toutefois les honnêtes gens ne le gagnent pas tout entier à leur cause.

— Les honnêtes gens ne l’auront pas si je puis les prévenir ! répliqua-t-elle avec chaleur. Personne n’éprouverait plus de plaisir que moi à le voir occuper une belle position.

— C’est ce que je pensais aussi. C’était un peu pour vous dire cela que je désirais vous voir.

— Vraiment ! je me plaisais à penser, chevalier, que vous n’étiez venu que pour moi !

Elle était quelque peu froissée.

— Et c’est pour vous seule aussi que je suis venu, lui répondit l’Intendant.

Il se sentait sur un terrain passablement glissant.

XII.

— Le chevalier Des Meloises, votre frère, vous a sans doute consulté au sujet des projets qu’il forme pour vous et pour lui ? demanda Bigot à mademoiselle Des Meloises.

— Mon frère a tant fait de projets, déjà, répondit Angélique, que je ne sais vraiment pas auquel de ces projets vous faites allusion.

Elle prévoyait ce qui allait arriver ; elle attendait, respirant à peine tant elle était oppressée.

— Vous devez savoir que d’avenir dépend surtout de votre union avec le chevalier De Repentigny.

Elle ne se contint pas davantage. Elle se leva, saisit Bigot par le bras, avec tant de violence qu’elle lui fit opérer un demi-tour.

— Chevalier Bigot, dit-elle, êtes vous venu ici pour me faire des propositions de la part de Le Gardeur de Repentigny ?