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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/263

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LE CHIEN D’OR

de jeunes filles, pensionnaires et externes, se précipitèrent dehors. Elles avaient une heure de liberté. Elles descendirent vivement les larges degrés et furent accostées aussitôt par les jeunes gens. C’étaient elles qu’ils attendaient. Après l’échange d’une poignée de mains, ils se dirigèrent ensemble en ricanant vers le marché, passèrent devant les échoppes, achetèrent des bonbons, puis se rendirent à l’église par curiosité.

Ils se mirent à genoux pour prier un instant. Alors, les jeunes filles virent s’agiter une main finement gantée. C’était le chevalier Des Meloises qui leur envoyait des saluts de l’autre côté de la nef.

Il avait récité à la hâte un ou deux Ave. Sa dévotion n’en demandait pas davantage. Il promenait ses regards autour de lui avec un air de condescendance, critiquait la musique et regardait en face les femmes qui levaient la tête. Plusieurs soutinrent bravement son examen.

Les élèves des Ursulines sortirent avant la fin de l’office et le rencontrèrent dans le bas-côté. L’une d’elles lui dit d’un air enjoué :

— Chevalier Des Meloises, nous ne pouvons pas prier plus longtemps pour vous ! Mère Supérieure ne nous a donné qu’une heure pour entendre le salut aux vêpres et visiter quelques magasins. Nous voudrions faire une petite course dans la ville, ainsi, adieu ! Mais si vous aimiez autant notre compagnie que l’église, vous pourriez venir avec nous. Vous en escorterez deux. Vous voyez, nous sommes six pour deux messieurs.

— Je préfère aller avec vous, mademoiselle de Brouague, répondit galamment Des Meloises.

Il oubliait l’importante réunion des directeurs de la grande compagnie ; mais les affaires se réglaient bien sans lui.

Louise de Brouague n’estimait pas fort le chevalier Des Meloises, mais enfin, comme elle le disait à l’une de ses compagnes, il faisait une bonne canne quand elle ne pouvait en avoir de meilleure.