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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/274

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LE CHIEN D’OR

Des Meloises, ahuri par cette discussion commerciale, par ce langage des affaires.

— Pardieu ! répondit Monredin, tous les officiers du régiment, je crois, excepté le colonel et l’adjudant qui se sont abstenus par principe, et la présente compagnie, qui s’abstient par devoir mais bien à regret. Il paraît que, depuis l’arrivée de notre régiment, il ne s’est pas vu ici pareille agglomération de jeunes beautés. Un vrai concours.

— Et pas avant votre arrivée, non plus, probablement, n’est-ce pas, Monredin ? fit Des Meloises en présentant son verre pour le faire remplir.

— Ce Bourgogne est délicieux, observa-t-il. À part l’Intendant, je crois, personne n’en a de pareil.

— Il vient de la Martinière, répondit Poulariez. Il a été bien bon, n’est-ce pas, de se souvenir des pauvres Béarnois relégués sur ce mauvais côté de l’Atlantique ?

Nous soupirions ardemment après ce Bourgogne, ajouta Monredin, quand il se mit à pleuvoir sur nous comme un nuage de la Providence ! Santé et fortune au capitaine La Martinière et à sa bonne frégate la Fleur de lys !

III.

Une autre ronde suivit. Monredin s’écria :

— On parle de ces jansénistes qui menacent de bouleverser la France, par les extravagances auxquelles ils se livrent sur la tombe de Maître Paris. Moi je prétends que leurs convulsions ne sont pas aussi contagieuses que ce vin généreux !

— Et le vin produit des convulsions aussi, Monredin, si l’on en prend trop, et cela sans miracle non plus, remarqua Poulariez.

Monredin releva la tête. Il était rouge et bouffi. Il semblait avoir besoin d’une bride pour modérer son allure.

Poulariez demanda :

— Il est rumeur que nous allons avoir la paix ! Est-